mardi 18 septembre 2018

Chinois ancien et chinois moderne

Pour un francophone lire un texte du XXe siècle ne pose pas de problème. Un texte publié avant 1900, ça dépend de la période et par qui il a été écrit. Rabelais est difficile à lire dans le texte d'origine. Montaigne écrivait au XVIe siècle. C'est encore lisible, mais si on veut remonter plus loin et lire des textes plus ancien, il faut recourir à la traduction en français contemporain.
Bai Juyi (772-846) [白居易] est un célèbre poète de la dynastie Tang (618-907)[唐].
Peut-on lire ses poèmes aujourd'hui, plus de mille ans après leur écriture ? Prenons un exemple :
赋得古原草送别(唐)白居易
离离原上草,一岁一枯荣。野火烧不尽,春风吹又生。
远 芳侵古道,晴翠接荒城。又送王孙去,萋萋满别情。
Vous me direz peut-être que ce sont des caractères simplifiés et que le poème n'était pas écrit ainsi. Le voici donc en caractères traditionnels :
賦得古原草送別   白居易
離離原上草,一一枯。野火,春吹又生。
芳侵古道,晴翠接荒城。又送王去,萋萋滿別情。
Les caractères surlignés sont ceux qui ont été simplifiés, quand on écrit à la main, c'est moins facile et surtout plus long d'écrire les caractères traditionnels, mais on les choisit souvent pour la calligraphie. 
Pour comprendre ce poème les jeunes Chinois ont dans leurs livres, des notes et une traduction en chinois courant[白话译文]. Voici donc la traduction en chinois courant:
原野上长满茂盛的青草,年年岁岁枯萎了又苍翠。
原野上的大火无法烧尽,春风一吹它又生机勃发。
芳草的馨香弥漫着古道,阳光照耀下碧绿连荒城。
又送游子远行踏上古道,满怀离情望着萋萋芳草。
Les lycéens chinois ont besoin de cette traduction pour comprendre le poème. On remarque qu'il y a deux fois plus de caractères. En chinois ancien, beaucoup de mots n'ont qu'un caractère et en chinois moderne les mots de deux caractères sont très fréquents. C'est pourquoi, il vaut mieux penser qu'un caractère représente une syllabe dont le sens et la prononciation dépendent du contexte. Penser qu'un caractère représente un mot dont la prononciation est fixée indépendamment du contexte est une illusion, c'est pourquoi il est préférable d'apprendre les mots dans un contexte plutôt que des listes de vocabulaire hors contexte.

Si l'on veut recopier le poème, comment faire ?
En pinyin, on tape "liliyuanshangcao" et on obtient 离离原上草. Dans Sogou, on tape "llysc" (qui correspond à la première lettre de chaque syllabe en pinyin) et on obtient en deuxième choix :
 离离原上草,一岁一枯荣。 野火烧不尽,春风吹又生。 远芳侵古道,晴翠接荒城。 又送王孙去,萋萋满别情。
Si on tape en double pinyin, on obtient le même résultat en tapant "liliyruhck".
C'est assez incroyable que dans les années 80, certaines personnes pensaient qu'on devrait abandonner les caractères chinois et écrire exclusivement en pinyin à cause des ordinateurs. Or une simple pression du les touches Ctrl+Shift+F, permet d'obtenir le même résultat en caractères traditionnels 離離原上草一歲一枯榮
C'est pourquoi, je pense que les caractères chinois ne seront pas simplifiés davantage.
Pour écrire à la main, le premier caractère (19 traits dans la version traditionelle)  :
On voit que c'est plus facile à écrire sans la partie bleue de droite qui représente un oiseau à queue courte (8 traits de moins pour le caractère simplifié). 
Pour explorer les autres caractères, vous pouvez utiliser Pleco ou Mdbg.net ou votre application ou dictionnaire favoris.

Pour finir, une traduction de ce poème par François Cheng :

Herbes tendres à travers la plaine,
Chaque année se fanent et repoussent.
Les feux sauvages n'en viennent à bout,
Au souffle du printemps, elles renaissent.

De leurs senteurs, parfument l'antique voie,
Gerbes d’émeraude dans les ruines anciennes.
Agitées, et frémissantes de nostalgie,
Elles disent adieu au seigneur qui s'en va.  

Source de la traduction:  Poésie Chinoise, François Cheng, Fabienne Verdier (Illustrateur), ISBN : 2226112375, Éditeur : Albin Michel (01/04/2000)
 









 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...