vendredi 27 décembre 2013

Apprendre du Chinois grâce à Cicéron et Matteo Ricci.

Cicéron est célèbre pour ses capacités d'orateur et sa mémoire. Il prononçait de long discours sans notes qui, dans l'Antiquité, captivaient l'attention de l'auditoire.
Matteo Ricci est célèbre pour sa connaissance de la langue chinoise et son nom a été donné à un grand dictionnaire de caractères chinois. Dans sa formation, Matteo Ricci a reçu les enseignements concernant l'Art de la mémoire qui naquit dans l'Antiquité et connu son apogée au Moyen-âge. Au cours de son séjour en Chine, Ricci composa un ouvrage en Chinois destiné à ceux qui souhaitent apprendre et retenir les textes classiques dont la connaissance est requise pour réussir à passer les difficiles examens impériaux.

Macerata Matteo Ricci SJ

Quels sont les principes communs à Cicéron et à Matteo Ricci qui peuvent aujourd'hui nous servir à mémoriser des caractères chinois ?

Premier point, notre mémoire retient mieux ce qui est concret que ce qui est abstrait. Elle retient bien les figures analogiques et les allégories. Il s'agit de faire des images mentales et de les doter de qualités humaines.
Par exemple, 要 est comme une femme 女 occidentale 西 nommée Yao dotée d'une forte volonté.

Second point, notre mémoire retient mieux les souvenirs qui sont liés à un lieu. Il s'agit donc de localiser les images mentales dans des lieux connus concrets.

Imaginons que nous souhaitons retenir une expression :
要言不烦 (yào yán bù fán) qui signifie "expliquer en termes simples concis".
Pour retenir ce chengyu, nous pouvons placer les quatre caractères aux quatre coins d'une pièce de notre logement.
Par exemple, Yao femme occidentale habillée en rouge est dans un coin à l'ouest, elle regarde Yann qui a un rire de hyène, un chapeau noir en forme de couvercle de théière, deux grosse cicatrices et une bouche énorme grande ouverte prête à manger un bouddha. Dans un autre coin, Bouddha couché avec un bâton rouge entre les pieds fait un oracle pour ses fans. Dans le dernier coin, Fanny met le feu à un paquet de feuilles noircies en disant : "Tout ce papier pour rien, il fallait s'exprimer en termes simples et concis".

Evidemment, cette technique fonctionne mieux si l'on crée soi-même la scène, car c'est avec son propre cerveau que l'on mémorise.

Explications des images employées:

(Yao= yào) 要 (cf. explication précédente)

(Yann + hyène = yán)( 亠 + 二 + 口 = 言)

(Bouddha = bù) (一 + 丿+ 卜 = 不)

(Fanny = fán ) (火 + 页 = 烦)
(les décompositions sont basées sur les bushou radicaux de Kangxi)
(noir = deuxième ton ; rouge = 4e ton, par analogie avec le code chiffre-son)

Si cela peut sembler compliqué, c'est en réalité simple et amusant lorsqu'on le pratique comme un jeu qui stimule la créativité et l'imagination. Maintenant, c'est à votre tour de créer des images !

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