lundi 30 avril 2012

Gaiwan ou Théière Yixing ? Comment choisir (ou pas)

Samedi, un homme est venu pour acheter du thé chez Lihua à Nancy. Il a acheté aussi un gaiwan pour préparer son thé. Fumeur, il est venu au thé récemment. Il s'émerveille devant l'univers du pu erh (ou pu-er) qui réveille ses papilles et se désole que personne à la maison ne partage sa passion. Espérons qu'il rencontrera à Nancy d'autres amateurs pour échanger sur le sujet autour d'une bonne tasse. Pour l'instant, il utilise une théière en verre et nous lui avons conseillé une théière en terre. Finalement, il a pris un gaiwan (zhong) pour préparer son thé. A-t-il eu raison ?
Il a fondé son choix sur ses lectures sur l'internet. C'est vraiment formidable, grâce aux différents blogs consacrés au thé, parfois enrichis de photos somptueuses, on peut se documenter sur toutes sortes de thés et de façons de le préparer. Parfois aussi, on peut lire des choses contradictoires et parfois même erronées.
Cependant, un jour, il faut se jeter à l'eau et faire ses expériences soi-même. La voie du thé est un chemin que chacun parcourt à sa manière et c'est aussi ce qui fait son intérêt. J'ai déjà écrit sur ce blog à propos de la technique de préparation gongfu cha. Cependant, il y a des choses qu'on ne peut pas expliquer avec des mots. Prenons un exemple : le vélo, c'est super, c'est bon pour la santé, pour la forme et faire du vélo procure une sensation de liberté et un plaisir difficile à décrire. Pour le thé, c'est la même chose, on peut conseiller une technique de préparation, une quantité de feuilles, une eau à une certaine température, mais à la fin, les conseils sont comme les stabilisateurs pour l'enfant qui apprend à faire du vélo, ils sont utiles le temps de développer un contrôle de ses mouvements et le sens de l'équilibre. Ensuite, vient le temps de faire des expériences et de ne pas rester figé dans une pratique rigide et maniaque qui gâcherait le plaisir de la dégustation. Puis vient le temps de la sérénité, on n'a plus envie de tenter les roues arrières, le rétropédalage sans les mains ou je ne sais quelle acrobatie pour dompter sa bicyclette. On fait corps avec son vélo pour profiter du moment présent et avancer à son rythme.
Après ce long préambule, vais-je répondre à la question: Gaiwan ou Théière Yixing - Comment choisir (ou pas) ? Laissez-moi vous les présenter.
A ma gauche, le zhong ou gaiwan ; à ma droite, la théière Yixing. Qui va gagner le match ?
Le gaiwan a des défauts et des qualités, tout comme la théière. Que choisir alors ? 
Pour préparer un thé vert ou un thé qui craint beaucoup l'oxydation ; pour un thé dont on veut préparer une infusion très (extrêmement) courte. Le gaiwan est mieux adapté. Il est aussi facile à laver.
Pour préparer un wulong ou un pu-er, pour contrôler la température de l'infusion, pour des infusions qui durent, une théière est mieux adaptée. La théière ne se lave pas, elle se rince à l'eau claire. Il est préférable d'avoir une théière par type de thé et aussi des théières de différentes tailles selon la quantité préparée.
Alors ? Match nul ? En fait, il n'y a pas vraiment de match, les deux sont complémentaires. Demandez donc à un enfant heureux de choisir entre son père et sa mère. Les amateurs de thé, que je connais, ont plusieurs zhongs et plusieurs théières avec des préférences en fonction des circonstances. Telle théière nous rappelle l'endroit où on l'achetée, les amis avec qui on a partagé un thé. Tel gaiwan nous rappelle des thés qu'on a aimé. Au final, comme pour les enfants, on les aiment tous chacun à sa manière.
Il faut du temps pour apprivoiser un zhong, apprendre à le tenir et à préparer le thé sans le casser ni se brûler (comme pour le vélo, les premières difficultés encouragent à persévérer). Il faut du temps pour apprivoiser une théière, lui présenter un thé dont elle gardera la mémoire. Plus vous vous en servirez, meilleur sera le thé préparé, car avec le temps la théière est culottée.
Pour résumer : un zhong pour les thés verts et les thés à tester. une théière pour les wulong (une par type). Une pour les pu erh. Achetez ce qui correspond à votre budget et votre pratique. Au fil des années, la famille s'agrandit et contrairement aux enfants qui sont de plus en plus grands quand les années passent, on choisit des théières de plus en plus petites à mesure que la pratique progresse. Et souvenez-vous, de bonnes feuilles méritent un récipient adapté !
PS: pour les fumeurs et les amateurs de sucreries, évitez de fumer et de manger gras et sucré avant de déguster votre thé. Après rinçage des feuilles*, préparer une première infusion courte pour rincer les papilles et pour mieux apprécier la suivante et celle d'après et les autres qui suivront. (Contrairement aux infusettes, les feuilles de thé permettent des infusions multiples et quand le goût s'affadit après plusieurs infusion, on peut ajouter des fleurs (roses...))
Vous pouvez également consulter cet article sur l'apport du thé dans l'arrêt du tabac.
*Il s'agit de recouvrir les feuilles d'eau et de jeter l'eau immédiatement, cette eau chaude peut servir à chauffer les tasses mais n'est pas destinée à être bue. Pour les pu er (pu erh), deux rinçages successifs sont conseillés.





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